Respiration

L'Univers entier est une pulsation. Il est Conscience absolue, dont la nature est la liberté qui rend possible l'amour, dont l'essence est la lumière inaltérable, océan de repos, et énergie, mouvement pur qui est souffle de vie. Lorsque, par un retour fulgurant sur elle-même, ma conscience réalisa sa nature lumineuse et se déploya à l'infini, fut perçue dans un amour indicible, à la source d'une lumière-connaissance, la vibration d'une Respiration d'une si haute fréquence qu'elle sembla une unique pulsation continue.

Chaque âme est une infime part de la grande Ame qui Respire. Chaque âme est une étincelle d'énergie issue de la Source qui lui donna l'impulsion originelle. En chacune, une spirale d'énergie qui est notre potentiel d'accomplissement et notre force. Il est fondamental de demeurer en harmonie avec ce potentiel, afin de ne pas être soumis aux pouvoirs désordonnés de nos pensées et de nos émotions, qui finissent par nous dominer. Si nous ne savons pas voir derrière la multiplicité des phénomènes le souffle Un qui nous traverse, nous mettons en péril le potentiel d'accomplissement qui nous est dévolu.

Le souffle est la puissance d'une Réalité invisible. Il donne vie, il est le principe même de la vie. C'est en lui que l'âme puise ses facultés spirituelles. Notre vie spirituelle ne tient qu'à la conscience de ce souffle à chaque instant renouvelé. Plus nous en sommes conscients, plus nous sommes respirés par ce grand Mystère. Plus se révèle l'invisible, l'inaudible, l'indescriptible. Alors nous devenons voyants.

C'est dans le silence de nos profondeurs, dans la confiance donnée à ce "quelque chose" inconnu, non séparé de nous mais non confondu, que le souffle nous trouve. Il nous trouve parce que nous nous laissons trouver, à chaque fois qu'il s'engouffre sans obstacle dans notre intériorité. Les obstacles sont les énergies mentales et émotionnelles qui viennent nous agiter, nous disperser, qui contribuent à nous décentrer et à affaiblir nos vibrations, de moins en moins conscientes. Il nous faut alors replonger en nous-mêmes, nous recueillir dans une vraie intériorité, reconnaître ce qui est troublé, altéré, nous rassembler, réunifier ce qui a été fragmenté.

Pour devenir conscients de ce qui nous traverse, nous nous servons de ce qui nous a mis en péril de désintégration : nos épreuves, nos blessures, nos douleurs, la matérialité de tous les faits de notre existence, notre destinée : elles constituent la proposition qui nous est faite, dans une prise de conscience soudaine, dans un élan d'unification, de pénétrer la Réalité, ce substrat vibratoire qui est la trame du Silence primordial.