La Mère

La Mère est la Matrice. La création tout entière est contenue en Elle. La création est tout être en son intériorité. C’est le mystère du créé, né du vide. Le vide est le Point ultime d’une Présence…

La Mère-Matrice est la maison du Germe divin : au cœur d’elle, Je Suis, de toute éternité.

Lorsque je suis étranger à la Mère, je crée mes propres souffrances, en exil de ce qui me fonde, perdu dans un monde confus, où règne la peur.

Tourné vers le monde extérieur, fasciné par ses reflets, réduit en esclavage par le miroitement de ses plaisirs, je suis plongé dans la nuit d’une intériorité non vue. J’ignore la Mère.

Ce n’est qu’en traversant des morts assumées que je déchirerai les ténèbres, pénétrant dans la Matrice divine jusqu’à son fond de Sagesse. J’entrerai alors dans le silence qui garde le secret de la Lumière.

Tu es la Mère des profondeurs, de qui nous naissons au fur et à mesure que nous entrons en résonance avec le cœur de notre être.

Abîme insondable de Lumière, dans un Amour infini tu prends soin des énergies dont je dois me souvenir.

Mais quand me souviendrai-je de ce que Je Suis avant même que l’Univers fût ?

Ce n’est qu’en nous détachant de la civilisation qui se répand sur la terre et qui menace de nous engloutir sous le pouvoir de l’intellect exacerbé et de la matérialité que nous prendrons conscience à quel point nous sommes étrangers à notre Mère.

Lorsque l’absurdité du monde que nous avons bâti ainsi que notre souffrance culmineront, nous entrerons à nouveau dans la matrice de notre être. La Mère réapparaîtra alors. Ce sera le temps de l’intériorité.

Un Homme nouveau en naîtra, dont la conscience déployée révélera sa nature de Mère vierge qui enfante de toute éternité.

Nous sommes cette Mère qui enfante le Fils, cet espace vierge, vivifié par le Souffle…

L’être ne peut accomplir sa vocation que s’il consent à pénétrer en lui-même. Les énergies de ses profondeurs, en leur obscurité qui attend d’être éclairée, sont puissance infinie, créativité illimitée, beauté, patience, générosité…

Cette matrice, cet espace-lumière où fulgure la conscience, nous la pénétrons et la célébrons à chaque éclair connaissant qui transperce notre cœur purifié.

La Mère est l’insondable Vacuité. Elle est un intérieur absolu. Hors de cette Vacuité lumineuse, remplie d’Amour et de Compassion, qui enfante à chaque instant Cela qui n’a ni commencement ni fin, il n’est rien qu’illusion.

La Mère nourrit ses enfants de la Parole qui résonne en Elle. Intégrée, transmutée en lumière-conscience, la Parole informe, enseigne celui qui pénètre en sa Mère afin de renaître d’Elle.

La Mère nourrit du feu de l’amour qui unit tout le vivant, et de la lumière qui enseigne les Lois divines. Elle prend soin de la vie à travers l’être. Elle lui offre Sa présence vibrante afin que l’amour le trouve.

L’être qui ne pénètre pas son intériorité est comme jamais né. Coupé du cordon écarlate, il ne peut être enfanté par sa Mère qui attend son retournement. Incapable de baigner dans l’Amour matriciant, il se refuse à la force fécondante, la rendant stérile.

Lorsque nous nous ouvrons à l’Intelligence qui habite nos profondeurs, qui seule nous permet de comprendre le sens de notre destinée, de voir le Dessein divin à l’œuvre à travers nous, nous naissons de la Mère, de la sagesse des profondeurs qui se contemple en nous.

A chaque nouvelle part du Réel en nous, une clarté est ressentie. Ce mouvement de la vie qui éclaire nos profondeurs est le toucher subtil de la Présence dans notre intériorité vécue.

La Mère communique par une quiétude silencieuse.

Notre fond permanent, immuable, est sagesse. Hors d’elle, nous ne pouvons respirer le feu de l’énergie pure, nous nourrir de l’information, vivre dans la puissance vibratoire de la Parole originelle.

C’est ce lien organique qui insuffle à nos âmes une vie d’éternité.

Retour indispensable vers l’intériorité, vers les eaux primordiales vibrantes de la Présence, vers Celle qui est force d’accomplissement depuis le premier jour, réceptacle qui donne vie, nourrit, transforme dans la solitude du sanctuaire et mène à maturation le fruit.

La Mère, Matrice cosmique, Terre intérieure, rouge de la puissance vibratoire féconde, réceptacle de tout le potentiel énergétique à accomplir, et ultime Mystère.

Tout enfant naît de Toi lorsqu’il se souvient des profondeurs qui le créent de toute éternité et qu’il se retourne en lui-même pour voir la lumière qui se lève sur une terre nouvelle, signe de son enfantement.

En Toi, la mutation, la mort et la renaissance déjà inscrite dans la mort. En Toi, la vie qui scelle leur alliance.

En Toi, la nuit, douloureuse, longue et profonde nuit, en laquelle l’âme est gardée, préservée.

En Toi, la nuit éblouissante par trop plein de lumière, nuit féconde par laquelle est révélé Ce qui Est.

La seule voie de retour vers Toi est le silence.

On n’approche du silence, de cet espace enfoui au tréfonds de notre être, que par le silence. Le silence est une terre d’accueil, un champ ensemencé de tendresse, de patience, un jardin de générosité surabondante. Toutes les douleurs du monde viennent s’y faire bercer en secret. En cela, il est Toi, la Mère.

Tu offres Ton espace au mystère qui est au cœur de chaque être, dans un pur chant d’amour. Chant à la résonance ultime. Chant d’absorption.

Océan en repos de la conscience infinie, Tu accueilles le repos de Tes enfants qui, réconfortés, vivifiés, iront se déployer dans le mouvement infini de la vie, avant de retourner au plus profond de Ta plénitude, établis au sein de Ton silence immobile.

Mouvement libre de l’Amour…

Ce repos en Toi, ce repos en soi, est le creuset de l’Énergie divine. Toutes les énergies d’accomplissement qui nous sont dévolues depuis les commencements y sont unifiées, vibrant de l’intensité la plus subtile. Repos…

Nous avons plongé dans les abysses de nos eaux matricielles, jusqu’au cœur incandescent, passant de l’obscurité utérine à la lumière qui éclate. Alors, la Mère flamboie du feu de l’Amour divin. Beauté.

Tu conduis tes enfants à la Connaissance transcendante, inséparable de l’Amour. Au dévoilement de la Présence en soi, qui est Conscience pure. À une mise à nu foudroyante qui aboutit à la naissance, sans rien d’autre qui éclate à cet instant.

À la fois douce et exigeante, Tu nous sollicites et mets en mouvement une exigence d’accomplissement, l’éveil des énergies enfantées par le vide-matrice. Sous cette poussée germinatrice, notre être entier aspire à faire naître le fruit qui témoignera de son origine.

La Mère est la Source de vie, dont les eaux lumineuses ne tarissent jamais. Elle déverse une abondance de Miséricorde sur nous.

Elle est le Monde des Vivants, de ceux qui ont enfanté le Germe divin, qui sont le réceptacle sacré du mouvement libre de l’énergie douée d’Intelligence.

Elle est le Monde de ceux qui se transforment, s’épurent, rectifient leurs comportements en bas, restaurent la terre, accomplissent la Loi.

Elle est le « Monde à venir ».